Lorsque nous sommes arrivés à l'agence le 13 nous avons fait la connaissance de quatre jeunes allemands avec qui nous avons discuté pendant 1h30 en attendant le départ du train.
Une fois sur les quais de la gare nous avons retrouvé un train ressemblant fortement au transsibérien russe mais avec une télévision cette fois ! Et dans la cabine se trouvaient une nouvelle fois deux autres jeunes allemands, heureux de pouvoir converser avec nous (en allemand bien sûr !).
La descente du train se fit à 5h30... Puis nous avons pris un bus pour parvenir à Sapa, situé dans la montagne. Notre conducteur assez peu délicat a donc pris de longues routes tortueuses à toute vitesse.
Nous sommes arrivés à l'hôtel et nous avons eu le temps de prendre une douche ainsi qu'un vrai petit-déjeuner avant de partir pour notre randonnée de la journée. Nous étions donc un groupe de 6 avec les 4 jeunes allemands : Maren et Andrea pour les filles, Florian et Constantin pour les garçons.
Nous avons fait la connaissance de notre guide locale, une jeune femme de 24 ans, dénommée Ca qui s'est mariée à 17 ans et a déjà deux enfants. Elle nous a d'abord fait traverser à pieds la ville de Sapa et nous a proposé de cuisiner chez elle pour nous. Nous nous sommes donc arrêtés au marché local pour faire des courses.
Après quoi nous avons commencé à véritablement grimper pour parvenir jusqu'à son village dans la montagne. Nous étions alors suivis par plusieurs autres femmes, plus ou moins jeunes, en tenues traditionnelles qui nous aidaient parfois à gravir les passages difficiles. Heureusement nous n'avons pas eu à gravir le mont Fansipan, point culminant du Vietnam (3142m).
Depuis le village, nous avions vue sur la montagne, c'était magnifique. Nous avons visité sa maison toute en bois et toit en tôle. Il n'y avait quasiment pas de meuble et le sol était simplement la terre ferme (comme à l'extérieur de la maison). Dans la pièce principale il n'y avait pas grand chose si ce n'est deux petites tables et des tabourets en plastique empilables (pour les réceptions de touristes). À côté et sans porte se trouvait la chambre à coucher avec le lit, ou toute la famille s'asseoit devant la télévision et au milieu un feu de bois qui sert de cuisine. A côté se trouvait le récent "agrandissement" c'est à dire la véritable cuisine qu'ils venaient de construire avec une réserve d'eau ressemblant à un puit et une cheminée pour le feu. Nous avons également fait la connaissance de son mari et de sa belle mère, avec qui elle vit au quotidien.
Puis pendant qu'elle préparait le repas, elle nous a proposé d'aller voir l'école du village. Les enfants étaient très sages et trés disciplinés et ne paraissaient pas tellement perturbés par notre présence. Nous avons eu droit à des signes de la main quand ils étaient dans la cour de récréation. Un peu plus tard Ca nous a appelé pour déjeuner. Nous avons eu droit à une portion généreuse de soupe composée de pâtes de riz, de poulet, d'herbes et de citron. Les plats étaient servis dans de grands bols en plastiques.
Notre guide nous a également expliqué plusieurs choses à propos de la vie du village et de son peuple, notamment la fabrication de vêtements traditionnels grâce à la marijuana : la plante est d'abord déchirée en fines lamelles et les lamelles sont ensuite tordues ensemble toutes dans le même sens pour faire un long fil. Le fil est utilisé pour faire un maillage qui formera le tissu (nous avons eu une démonstration grâce à une machine à tisser). Puis le tissu est teint. Dans le village de notre guide ils connaissent et utilisent surtout une teinture indigo faite de matières naturelles. Ils fabriquent eux-mêmes la teinture indigo et achètent les teintures pour d'autres couleurs (utilisées avec parcimonie pour faire de petits motifs). Le tissu est laissé dans des bidons de teinture pendant plusieurs jours, il est ensuite séché puis les femmes le font briller une première fois en le frottant entre 2 pierres très lisses. Pour ça elles ont plusieurs techniques, la plus simple étant de poser le tissu sur une pierre lisse rectangulaire, de poser la deuxième pierre lisse par dessus et de monter sur la pierre comme pour faire du skateboard. Un pied sur chaque côté de la pierre les femmes appuient sur le tissu et c'est ce processus qui le rend brillant. Ensuite on répète le processus : teinture, séchage et on refait briller le tissu qui est cette fois vraiment éclatant. Le tissu est ensuite utilisé pour faire des tenues traditionnelles (ou des écharpes un peu rêches à vendre aux touristes). La guide nous a encore expliqué que le processus était très long mais que dans leur village de 500 personnes dans la montagne, ils parvenaient à faire chaque année deux nouvelles tenues par personne et que pour le nouvel an Chinois tout le monde sortait parader avec ses nouveaux habits.
Après le repas, nous avons remarqué que les dames en tenues traditionnelles étaient toujours devant la télé chez Ca et à ce moment là Ca nous a dit que ces femmes fabriquaient pour vivre des écharpes, bijoux... Mais qu'elles ne pouvaient pas les vendre dans les rues de Sapa car la police confisquait leur argent issu des ventes. En effet, il y a une concurrence très forte entre les vendeurs vietnamiens des boutiques et ces femmes issues des villages de montagne qui vendent dans la rue, abordant les touristes ou posant leurs affaires à même le trottoir. La police favorise les vendeurs de "vraies" boutiques et donc ces femmes suivent les touristes dans les montagnes dans l'espoir de pouvoir leur vendre librement leurs articles faits mains. Notre guide nous a donc demandé si ces dames qui nous suivaient depuis ce matin pouvaient nous montrer leurs objets à vendre, nous avons donc accepté. Et après quelques mots de la part de notre guide dans une autre langue, ces femmes se sont précipitées, une par touriste, pour présenter toute sorte de souvenirs. Nous avons acheté un seul souvenir si bien qu'il restait une femme qui n'avait rien vendu et après que la guide l'ait fait remarquer une allemande s'est dévouée pour lui acheter un bijou. Chaque achat a été remercié par le don d'un bracelet coloré. Les femmes locales ont ensuite posé pour une photo et sont rapidement reparties dans leur village un peu plus loin.
Ca nous a aussi expliqué que dès qu'un groupe de touriste arrive en bus en ville, toutes ces petites vendeuses se précipitent pour les accueillir et choisissent "leur touriste". Ce qui donne à peu près ça "je veux le t-shirt rouge", "je veux le t-shirt bleu" et ainsi chacune s'approprie sa "cible" pour faire sa vente.
L'après midi nous avons entamé une randonnée bien plus longue et assez rythmée à travers de beaux paysages de montagnes. Sur les chemins très étroits nous avons souvent croisé des scooters (à pleine puissance dans les montées), des poules, des coqs, des truies et leurs marcassins, des vaches ou des buffles. Notre guide nous a dit de rester éloignés des buffles car ils pouvaient se sentir menacés et nous blesser. C'était très impressionnant.
Un peu plus tard notre guide nous a demandé d'accélérer le rythme (alors que nous étions déjà à un bon rythme) car il ne fallait pas rater le dernier bus pour rentrer. C'est donc au pas de course que s'est finie la randonnée.
On s'est ensuite séparés des allemands qui n'avaient pas choisis la même "formule" de nuitées que nous et nous sommes montés tous les deux dans un taxi pour rejoindre l'hôtel. Nous étions bien contents de pouvoir nous reposer mais après quelques heures nous avons remarqué qu'il faisait un peu froid dans la chambre. Nous n'avons pas trouvé de chauffage et sommes donc descendus a l'accueil pour demander ce qu'il en était. Je n'ai pas vraiment compris la réponse mais j'ai cru deviner qu'ils allaient faire du feu dans la cheminée. Entre temps nous avons pris le repas dans le restaurant de l'hôtel, qui était très bon. À notre retour nous avons trouvé devant la porte de la chambre un panier d'osier avec du bois et des allumettes. Bon ! Nous avons donc joints nos efforts pour allumer le feu, ce ne fut pas une tâche facile !
Plus tard, en lisant le livret d'accueil de l'hôtel posé sur le bureau nous avons trouvé un mot à ce propos disant grosso-modo qu'il serait bien d'éviter de se plaindre qu'il n'y ait pas de chauffage central dans l'hôtel car l'électricité et le gaz coûtent très chers ici et que seul un hôtel dans la ville possède du chauffage et qu'en conséquence le prix des chambres est de 180 dollars. Nous voilà prévenus !
La nuit s'est tout de même bien passée et le lendemain matin nous avons profité d'un petit déjeuner avant de repartir en balade. Cette fois nous n'avions pas le même itinéraire que les allemands et c'est donc à deux que nous avons suivi notre guide privée vers le village CatCat. Notre nouvelle guide s'appelait Susu (prononcez Soussou) et avait probablement entre 55 et 60 ans. Elle tenait une santé de fer et avait eu 6 enfants. Elle avait appris l'anglais des touristes et parlait moins bien que notre guide de la veille mais sa gentillesse et son sourire nous faisaient bien vite oublier les quelques problèmes de communication. Ce jour là le temps était bien moins beau et il y avait beaucoup de brouillard (pas idéal pour les photos). Nous avons commencé la matinée par le village CatCat. L'entrée payante était comprise dans notre formule mais nous étions d'abord étonnés de devoir payer pour entrer dans un village composé d'une multitude de boutiques à souvenirs (faits mains). Les boutiques vendaient toutes la même chose, des foulards colorés, des sacs et pochettes brodées, des vêtements traditionnels, des bijoux...
Puis nous avons visité la maison d'un shaman. C'était la maison du frère de Susu et elle nous a expliqué qu'elle aussi était de religion shaman. Elle nous a dit que les croyants faisaient appel à son frère en cas de problème pour chasser les mauvais esprits ou bénir un mariage... Et les gens de religion shaman (même les bébés) portent un large collier rond d'acier autour du cou, ce qui permet de repousser les mauvais esprits. Elle a rigolé en disant que plus on grandit plus il devient long et décoré (et lourd probablement) car le sien était très imposant. Un peu plus loin nous avons vu d'autres maisons, toujours très modestes en bois avec un toit de taule puis nous avons vu de magnifiques chutes d'eau. Ces chutes d'eau font la renommée du village.
Nous avons terminé la visite par un spectacle de danse et de musique. Nous ne savons néanmoins pas si c'étaient des danses traditionnelles ou juste un spectacle pour touristes. Mais nous avons vu et entendu un drôle d'instrument, en forme de croissant, fait d'osier.
Nous sommes ensuite retournés à l'hôtel et sur le chemin nous avons encore croisé des buffles et des cochons. Elle nous a dit que les buffles sont encore utilisés pour l'agriculture. J'ai demandé s'il y avait des serpents ou des singes par ici et elle a répondu en riant "il y en avait mais à chaque fois qu'on les voyait on les mangeait alors maintenant il n'y en a plus !". Sur ces bonnes paroles nous avons fait une photo souvenir et elle est repartie.
L'après-midi nous avions quartier libre pour découvrir le village de Sapa, nous avons donc déambulé dans les rues. Après quelques minutes nous avons été rejoints par une femme habillée de façon traditionnelle, elle nous a demandé d'où on venait, comment on s'appelait et si on souhaitait lui acheter quelque chose. Après plusieurs refus, j'ai fini par lui dire qu'on reviendrait la voir si on avait besoin de quelque chose. Mais seulement 10 mètres plus loin, une autre femme habillée à l'identique s'est mise à nous suivre à nouveau, répétant les mêmes questions avant de mieux nous proposer ses objets à vendre. Encore une fois on lui a dit "non merci" mais toujours tenace, on lui a dit qu'on lui dirait si on changeait d'avis. Elle a paru enchantée, a tenu à nous serrer le petit doigt et nous offrir un bracelet en cadeau. Elle a cependant continué à nous suivre, bientôt rejoins par la première qui s'inquiétait qu'on puisse bien lui acheter quelque chose. Et au bout de 5 minutes la deuxième s'est énervée en demandant encore qu'on lui achète quelque chose ou qu'on lui rende le bracelet ! J'ai donc rendu le bracelet et nous l'avons laissée la, suivie de notre première compagne, toujours bien décidée à nous suivre et visiblement soulagée qu'on n'ait rien acheté à l'autre. Nous avons ensuite été visité la cathédrale de Sapa, construite par les français. Notre accompagnatrice nous avoua être catholique et venir prier dans cette cathédrale. Puis nous avons croisé la route d'un musée, nous nous préparions à entrer quand la femme en tenue traditionnelle a commencé à sortir ses objets à vendre de son panier d'osier. Cette femme, très gentille, nous suivait depuis bien 30 minutes et nous n'avions pas le cœur à lui dire non. Ou plutôt après plusieurs tentatives sans qu'elle semble accepter notre réponse, nous avons fini par lui acheter une petite pochette (très jolie et fait main) pour l'équivalent de 2€. Elle eu l'air ravie et repartie dans la montagne (ou peut être trouver d'autres touristes plus généreux?).
Nous avons donc visité le petit musée de la ville, qui etait très intéressant et s'intéressait notamment aux coutumes des minorités locales. Il existe à Sapa près de 6 ou 7 minorités, qui ont chacunes leurs propres langues mais apprennent le vietnamien a l'école pour échanger entre elles. Elles ont également des costumes légèrement différents (les couleurs et les chapeaux changent notamment). Et nous avons appris une tradition assez étrange pour nous Européens : quand un garçon tombe amoureux d'une fille, il demande sa main à ses parents et ensuite attends quelques jours pour l'enlever ! La jeune fille, au courant de rien, est parfois au marché ou chez elle et voit débarquer son prétendant ainsi que 3-4 amis à lui pour l'aider à la soulever de terre et la porter jusqu'à sa propre maison. La fille est très bien traitée dans la famille du garçon, comme une invitée et elle est "gardée" 3 jours dans cette famille. Pendant ce temps, une tante ou une femme de la famille (qui n'est pas mariée) tentera de la convaincre d'épouser le garçon amoureux. Les parents de la jeune fille seront bien sûr prévenus de son "enlèvement" temporaire. Et après ces 3 jours de délibération, la jeune fille pourra choisir d'accepter ou non la demande du garçon. Si elle refuse elle pourra repartir chez elle et si elle accepte les préparatifs du mariage seront rapidement organisés. Il faut savoir qu'au Vietnam les garçons héritent de la maison ou de la terre des parents et que la jeune épouse emménage donc chez sa belle-famille.
Après ce tour dans le village, nous avons pris le bus de 16h pour rejoindre Hanoï vers 22h. Nous avons mangé sur une aire de repos proposant des mets vietnamiens (sans carte). Nous avions mangé assez de soupe jusqu'ici et nous avons donc commandé du riz et du bœuf. L'arrivée à Hanoï se faisait non loin de notre hôtel et nous n'avons pas mis longtemps à nous endormir...













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